Participation tardive, je le sais. Mais tant pis. Je poste quand même, pour le plaisir.
Témoignage d’un esclave qui ne pouvait que hennir.
Je tourne en rond, tel un lion en cage. Je déteste cette forme pourtant. Autant que tout ce qui se rapporte a la géométrie. A laquelle je ne connais rien d’ailleurs. Mais je n’ai pas le choix. Si je change de parcours, la douleur me rattrape vite et je n’ai pas la force de la ressentir une nouvelle fois. Alors je continue. Je marche d’une allure monotone en suivant le sillon que mes passages incessants ont crées. Le frottement de mes liens m’ont également marqués. La terre et moi gémissons à l’unisson. Un coup me transperce soudainement le postérieur. Alors que mon esprit divaguait, aussi libre que le vent qui me chatouille le nez et fait voler mes crins ; j’avais ralenti sans m’en rendre compte. Le fouet m’a ramené dans ma réalité.
Enfin, la machine s’arrête et on cantonne à l’ endroit même ou je me suis immobilisé. Je resterais ainsi jusqu’à ce qu’elle se remette en route, au lever du soleil. Ma bouche est sèche, comme le Sahara. Je n’y suis jamais aller, mais il est certain qu’il serait plus agréable qu’ici. Quelques temps après, je sens une présence a mes côtés et la douce odeur de l’eau. Je ne m’y précipite pas, j’ai appris à me contrôler pour ne pas avoir mal au ventre dans la nuit. Un petit tas d’épluchures a rejoint mon espace. Je peux à peine l’atteindre tellement la corde est serrée, mais si je veux manger, ma peau devra se laisser arracher un peu plus. Le principal est que je survive. Combien de temps, je ne sais pas, mais ce qu’il faudra pour avoir une vie meilleure. Un jour, je serais comme eux. Ceux qui galopent à en perdre haleine dans les champs et les forêts. J’y crois.
En effet, cela m’est arrivé quelques mois plus tard. J’ai découvert le plaisir du vent sur mes naseaux libres et le bonheur de me rouler par terre. La terre ? Mais ou est-elle d’ailleurs ? Elle a disparut de ma vue. Est-ce cette mousse duveteuse blanche que l’ont appelle herbe ? Je ne sais pas. Mais je m’y sentirais bien. A l’infini.