Val Aurore
Nombre de messages : 47 Age : 38 Date d'inscription : 19/01/2008
| Sujet: Vote concours inter-forum Vers à Lyre n°6 Jeu 28 Mai 2009 - 18:55 | |
| Le temps s'effeuille à une vitesse folle : notre concours est terminé, voici venu le moment de voter pour votre épître préférée. Originalité, respect du sujet, qualité des vers ou simplement intuition, vous êtes libre de choisir votre propre barème pour départager ces 9 participations... Modalités : - Pour voter, postez à la suite de mon message « je vote pour le texte n° ## ».
- Vous avez jusqu'au 15 juin 2009 pour donner votre avis.
- Si jamais vous souhaitez changer votre vote, cela reste possible jusqu’à cette même date en m'envoyant un MP ou en éditant votre message sur le forum.
Le règlement est toujours à votre disposition si vous le désirez. PS : - Pour les membres de l'équipe Vers à Lyre pensez que vous ne votez QUE sur le forum du magazine
- Si vous avez écrit un texte d'un autre genre que l'épître sur le thème feuille, vous pouvez le proposer à notre appel à texte jusqu'au 31 mai (dans 3 jours !)
- Je sais qu'il y a aussi des artistes sur le forum, donc pour les photos, dessins, créations sur le thème feuille, il n'est pas trop tard non plus (fin de l'appel le 31 mai aussi) et dans ce cas, rendez-vous à l'appel à image
Dernière édition par Val Aurore le Sam 30 Mai 2009 - 13:55, édité 1 fois | |
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Val Aurore
Nombre de messages : 47 Age : 38 Date d'inscription : 19/01/2008
| Sujet: Re: Vote concours inter-forum Vers à Lyre n°6 Jeu 28 Mai 2009 - 18:57 | |
| Texte 1 - Citation :
- La Dette de l'Aventurier
Voici mon témoignage pour toi seul décrypté, Il n'appartient qu'à nous, je te l'ai dédié Lis donc ces mots, froissés entre tes mains Tu ne m'y reconnais pas encore très bien C'est que notre aventure m'a transfigurée C'est que j'ai beaucoup vécu, et voyagé Tu ne t'attendais pas à ce que je te sois retournée Pourtant tu en avais signé les formalités !
Dans ce musée où l'on s'est rencontré Ma Déesse, mon trésor tu as cassé Ses Gardiens voulaient te frapper Il y en a trois qui t'ont attrapé Et c'est moi qui ait été tapée !
Si j'avais pu voler Jamais ça ne me serait arrivé Si j'avais pu voler Malheureusement on m'a épinglée Et sous ta main je me suis repliée
Arrivée dans la poche de ta veste J'ai voulu sortir mais d'un geste Ton allumette s'est embrasée Tu aurais tout tenté pour me brûler C'est là que l'alarme s'est déclenchée Et nous avons été trempés !
Si j'avais été ignifugée J'aurai pu te résister Si j'avais été imperméable Mais je me suis imprégnée de ton odeur L'eau a bien failli effacer l'encre de chine Il me fallait te cacher ma pudeur Et de guerre lasse, je courbais l'échine
Dans le premier bar venu Tu t'es mis à boire du vin Couchée sur le comptoir j'ai veillé Quand sonna la fermeture... Jusqu'à la fin Ton regard posé sur moi était perdu
Si j'avais été éphémère Je me serai évaporée Si j'avais été faiblement constituée Je me serai changée en poussière Il t'aurait suffi de souffler pour me délivrer !
C'est dans la rue que tu m'as abandonnée Tu te croyais finalement libéré Tu as pris l'avion le cœur léger Pour retrouver ton épouse esseulée
Si j'avais su comment te retenir Tu ne m'aurais pas laissée tomber Si tu avais été plus honnête et moins entêté Tu aurais compris que nous sommes enchaînés Le mariage eut été plus doux Si tu m'avais accordé le bénéfice de l'humanité Le mariage eut été moins fou !
D'un caniveau j'ai émergé Au milieu de mes sœurs moisies L'automne s'est mis à chanter Une rime enfouie Un vers à lyre enjoué
L'éboueur m'y a ramassée Au musée m'a transportée Je pensais y être en sécurité Sur le bureau du directeur je suis tombée Et bien sûr, je me suis faite entuber !
Si j'avais pu couper Il s'en serait mordu les doigts Si j'avais pu couper Mais j'étais au bord de la rupture Après un interrogatoire acharné Face à mon air désemparé Ils eurent vent de ton parjure
Dans un sac on m'a fourrée Tout plutôt que te rejoindre ! Dans un avion j'ai été embarquée Mais à quoi bon se plaindre Puisque je t'étais destinée
Je suis arrivée ce matin avec le journal Ton dragon de femme m'a piétinée Impitoyable fut son jeu de sandales La porte a été violemment claquée Je comprends pourquoi tu me l'as préférée
Si j'avais été comestible, Elle aurait fait de moi son petit déjeuner Si je n'avais pas été crédible Sans m'ouvrir elle m'aurait ignorée En secret, nous nous serions retrouvés Mon séjour aurait été supportable Et cette aventure, un peu moins minable !
Maintenant que tu achèves ta lecture, Tu te dis que si tu avais été très riche Cette Vénus bousillée tu l'aurai payée Alors je serai restée vierge et immaculée Ce dragon tu l'aurais dupé avec un peu de triche Et cette note de frais très salée, tu l'aurais émiettée Si tu avais été plus honnête et moins entêté Tu m'aurais tout de même honorée, moi, ta facture ! Texte 2 - Citation :
- Longue attente
J'ose espérer que tu sais combien j'ai attendu Toi qui a tardé à arriver le moment venu Tu m'avais quitté quelques mois avant M'affirmant que ça ne durerait pas longtemps
Tu m'as bien eut je dois l'avouer Quelles sottises tu as racontées Je t'ai attendu avec beaucoup d'espoirs Peu de jours, peu de semaines, quel tort de le croire
Puis vint un hiver des plus rigoureux Même la neige ne me rendit plus heureux Je regardais toujours l'endroit de la rencontre Je regardais toujours les aiguilles de ma montre
Je peux bien te le dire à toi Peu de rayons sont venus jusqu'à moi J'ai un peu honte de l'avouer Mais la mort, je suis allé la frôler
Cette période de doutes et d'ennui Je l'ai rayée de mon passé, de ma vie Car désormais j'en suis content, tu m'es revenu Toi qui donne à cette existence la peine d'être vécue
Ton compagnon semblait bien décrépit Quand tu n'étais pas la pour passer tout ton temps Avec lui, avec moi, avec tous tes amis Toi qui ramène le soleil, ma chère feuille de printemps. Texte 3 - Citation :
- Epitre aux acharnés des sciences
Equations, dérivées, matrices, courbes Vous savez, vous gâchez nos journées Oserais-je dire que vous êtes fourbe ? Je ne sais pourquoi vous nous torturez Bah, sur mes feuilles, je fais des gribouillis Sachez que les sciences je vomis Surtout depuis que vous avez déchiré ma copie Moi Jerry, J’ai ri, j’ai ri, j’ai ri, j’ai ri Ne lisez vous pas sur ma tête ? Je rêve pendant les contrôles A des choses sans queue ni têtes Vous allez trouver ça drôle ! Un jour je vous ferai un cadeau Un jour, j’irai sur votre tombeau Ces fleurs que j’effeuille sans écueil Je les mettrai sur votre cercueil Elles seront votre seul linceul Car vous finirez seul Assez, encore une feuille de gâchée Je vais la mouiller et la mâcher Et rien, pas de traces, il ne restera A part de l’aigreur dans mon estomac Ne voyez vous donc pas que la Vie est, Plus libre et moins parfaite que vos nombres ; Que mystère et inconnu donnent beauté, Vouloir tout comprendre et expliquer est sombre. Ne voyez-vous pas cher savant, Que j’étais heureux ignorant ! Plus ma tête se remplit de savoir, Plus je perds de mon innocence, Plus je sens que la vie a un goût rance, Laissez-moi rêver tard le soir. Pourquoi nous forcer à écrire des formules Sur ce papier. Vous êtes sans scrupules. Aujourd’hui naissance d’un combat, Qui sans aucun doute jamais ne finira. Quoi ? Je tue le Monde en tuant la science. Quoi ? L’Homme doit tout comprendre. Quoi ? La science est un vaccin à la méfiance. Quoi ? L’Homme doit tout prendre Cher ami, je suis ivre de l’inexpliqué, Un conseil : vous ne perdrez rien à essayer. Cher ami, tout n’est pas explicable. L’admettre, en êtes vous capable ? Livres et feuilles ne sont pas que rationalité, Folies, impulsions…voilà leur utilité. Texte 4 - Citation :
- Cher auteur,
Divinité de lecteur
Vient vers vous une jeune femme, qui d’avance vous fait part de son admiration. Excusez cette lettre bien faible où tout n’est que brouillon et hésitation, Où mes états d’âme campent derrière les grandes expressions. Qui suis-je, sinon une fille victime d’exclusion, Qui a su trouver refuge derrière l’habileté de votre écriture. Votre talent est un bien bel onguent, Des points de suture sur mes vilaines blessures, Le plus merveilleux des médicaments.
Laissez-moi d’abord vous raconter, Comment mon regard vous a trouvé. Vous vous cachiez par là ou par ici, Dans un recoin poussiéreux d’une bibliothèque. Pour un endroit oublié, c’était un nuage de rêverie, Réservé uniquement aux grands adeptes.
Cet espace désertique peuplé de rayons, A tout de suite emballé mon imagination. Je marchais lentement, gorge serrée, Vers une étagère logeant sous une ampoule éclatée. Coincé entre deux mornes bouquins, C’est le vôtre qui a guidé ma main.
Le dos de la couverture était bleu azur, Vous me promettiez de belles aventures. Dans un fauteuil je me suis enfoncée, Impatience et curiosité me ravissaient, Et enfin, dans votre histoire je me suis plongée.
Les pages, parfois cornées, parfois tâchées, M’hypnotisaient avec leurs droites rangées. Je gobais chaque caractère imprimé, Comme si je cherchais à me désaltérer, Me demandant à chaque nouvelle avancée, Comment du papier pouvait-il me faire aussi bien voyager.
Grâce à vous, je suis partie Loin, j’ai traversé votre océan de lettres. Je suis partie, par les majuscules et les interlignes, Et j’en suis revenue avec une petite découverte.
On n’est jamais mieux loti, Qu’au creux des pages d’un livre. On n’a jamais mieux rêvé, Que dans un nid aussi bien douillé. Texte 5 - Citation :
- Le résistant
Mon cher ami, je t’entends déjà qui soupire Avant seulement d’avoir commencé à me lire. Traite-moi, si tu le veux, d’incurable dinosaure, Lève l’œil au plafond, pousse un souffle sonore. Envoie-moi tous les mails que tu souhaites Je resterai fidèle à mes manières désuètes !
Tu as le sang électronique. Je suis, moi, un archaïque. De cette brave vieille feuille J'ai bien du mal à faire le deuil.
Vois-tu, il y a tout un rituel autour d’une lettre Que tes courriels ne pourront jamais permettre.
A ta culture du clic, à ta souris impatiente Je préfère mille fois le charme de l’attente. Et puis il y a le bruit de l’enveloppe déchirée, La page que l’on tourne, le carré déplié.
Toi qu’entends-tu donc par devant ? Le silence implacable d’un écran. Oh, et j’allais oublier cette odeur Dont chaque pli est le digne porteur !
Une feuille sent le papier, la colle et l’encre, Le parfum de l’école, les ratures du cancre. Il traîne sur le timbre un effluve de voyage, Parfois des grains de sable entre deux pages.
Que rétorqueras-tu à tout cela, ami d’enfance ? Ta réponse, hélas, je la connais par avance. Ce seront dix doigts pressés sur ton clavier Un clic pour envoyer, un autre pour fermer.
Car c’est cela, en fait, un ordinateur : Une lutte acharnée contre les heures.
Mais je me sens bien las de vivre au rebours de mon temps, La prochaine fois que tu me mailes, je te réponds à l’avenant. Texte 6 - Citation :
- À celle qui m'a quitté,
Juste une gorgée de bourbon, Devant un barman fatigué, À la lumière brisée du néon, Et l'écho sourd d'une télé.
Sous mes yeux s'étale la lettre, Où tout ce que je veux t'écrire, C'est ce que je n'ai pu admettre, Ces trois mots que je n'ai su dire.
Une autre gorgée de bourbon, Pour avoir un peu de courage, À la lumière brisée du néon, Et poser mon coeur sur la page.
Sous mes yeux s'étalent ces mots Que j'aurais dû te murmurer. De l'encre s'écoule l'écho, Ce que je croyais deviné.
Dernière gorgée de bourbon, Avant de reprendre la route. À la lumière brisée du néon, Les feuilles, la pluie, goute-à-gouttes.
Pour toi, mes mots avoués. Texte 7 - Citation :
Texte 8 - Citation :
- A Lucien
Mon ange, la lettre est morte, la feuille volante est restée sur ma table ; Ne m'en tenez pas rigueur, Défaite était louve pâle - bien trop considérable. Les longues cascades de papier s'agacent toujours des jolis mots creux ; Oh ! Certes oui, vous m'aviez docilement écoutée, pansement sur mon aveu. Ainsi donc, tout était bien tranquille, vous étiez un père, et j'étais rassurée... Mais vous n'avez pas suffi aux effrois de ma plume, tout le blanc est resté. Texte 9 - Citation :
- Epître à l’amant perdu …
Aujourd'hui mon amour, sur cette feuille lisse, Je te parle de nous, des bonheurs d’autrefois, Espérant que le chant qui sous ma plume glisse Franchira le silence, en t’apportant ma voix.
Nous adorions tous deux marcher sous les grands chênes, Nous faisions très souvent des arrêts en chemin Pour ramasser des fruits, des feuilles ou des graines, Et nous en remplissions nos poches et nos mains…
Tu rapportas chez nous, un gland et sa cupule, Tu l’enfouis dans un pot, au pied du vieux hangar. Une tige poussa. J’eus l’air bien incrédule Quand tu me dis un jour : « C’est un chêne, viens voir ! »
Tu m’appelas souvent, voulant que j’apprécie Les feuilles jaillissant des modestes bourgeons, Timides lambeaux verts, aux bords en dents de scie, Et devant ce miracle, oh ! comme nous riions…
Le printemps nous mena vers d’autres paysages ; Nous revînmes chez nous à la fin de l’été. Les feuilles jaunissaient, par manque d’arrosage. En les voyant, je dis : « Mais, c’est un cerisier ! »
Tu t’éloignas vexé, murmurant pour toi-même : « C’est bien un gland pourtant que j’avais rapporté ! » O, mon amour, j’entends encor ta voix que j’aime, Et comme je voudrais ne m’être pas moquée…
Je me retrouve seule et sans toi je frissonne Maintenant que la mort t’a de moi séparé. Dans notre jardin gris balayé par l’automne, Les feuilles et les fleurs se sont toutes fanées…
Ce matin, sur le seuil, quand j’ai ouvert ma porte, J’ai trouvé cette feuille aux lobes bien formés, Une feuille de chêne ! Et le vent qui l’apporte Repart te l’annoncer : « Ton chêne a bien poussé ! »
Aujourd'hui mon amour, sous ta dalle bien lisse, Peux-tu te souvenir des bonheurs d’autrefois ? J’espère que le chant qui sur les feuilles glisse, Flottera jusqu’à toi, te rappelant ma voix. | |
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